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Les US ont des AOP ?!

Posté le : 12 novembre 2025 à 16 h 00 min   /   par   /   comments (0)
Temps de lecture : 4 minutes

Avez-vous déjà acheté une bouteille de vin et remarqué qu’il était écrit AOC ou AOP sans vraiment savoir ce que cela signifiait ? Ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal. Selon l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), une AOP est « […] un produit pour lequel toutes les étapes sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même aire géographique, ce qui confère au produit ses caractéristiques. Il s’agit d’un signe européen qui protège le nom du produit dans toute l’Union européenne. »  (À titre de précision, une AOC présente les mêmes caractéristiques, mais à un niveau national.)

Ainsi, ce qui est à la fois une indication et une protection d’un terroir semble être quelque chose d’intrinsèquement français — voire européen. Pourtant, que diriez-vous si je vous annonçais que les États-Unis possèdent eux aussi leur propre système d’AOP ? Oui, c’est vrai ! Nous n’aimons pas seulement la restauration rapide et les boissons sucrées ; nous avons, nous aussi, une compréhension du terroir.

Alors, quel est l’équivalent américain d’une AOP ?
C’est ce qu’on appelle une American Viticultural Area (AVA).
Sa définition est la suivante :
« Une American Viticultural Area, ou AVA, est un type spécifique d’appellation d’origine utilisé sur les étiquettes de vin. Une AVA est une région viticole délimitée, possédant des caractéristiques géographiques ou climatiques particulières qui la distinguent des zones environnantes et influencent la manière dont les raisins y sont cultivés. »
(U.S. Department of Treasury Alcohol and Tobacco Tax and Trade Bureau)

D’après ces deux définitions, une AOP et une AVA ne semblent pas si différentes. Pourtant, du point de vue du consommateur, la réalité est autre.

Les Américains apprécient particulièrement les vins de cépage unique. Autrement dit, lorsqu’ils voient « Chardonnay » ou « Pinot Noir » sur l’étiquette, ils comprennent et acceptent plus facilement cela que s’ils lisaient, par exemple, « Stag’s Leap » (l’une des AVA de Californie). Mais cela ne veut pas dire que les consommateurs français sont beaucoup plus connaisseurs en matière de terroir que leurs homologues américains. Tout comme un Américain, un Français possède souvent une compréhension assez superficielle de ce qu’il lit sur une étiquette. Bien sûr, pour lui, voir « AOC Bordeaux » signifie que son vin est associé à un lieu, mais sait-il vraiment ce qu’implique un vin bordelais ?Je dirais que pas plus qu’un Américain regardant une bouteille de Cabernet Sauvignon de la Napa Valley.

Là où les AVA et les AOP diffèrent véritablement, c’est dans leur promotion.  Les Américains valorisent la marque, tandis que les Français valorisent le lieu. Il serait presque choquant pour un consommateur français de considérer un produit patrimonial comme une entreprise purement capitaliste, alors que les Américains, eux, apprécient l’esprit d’entrepreneuriat qui découle d’un tel produit.

Comparaisons mises à part, les AVA comme les AOP jouent un rôle essentiel : elles permettent à la fois de protéger les producteurs d’une région donnée et d’offrir au consommateur une meilleure compréhension de ce qu’il consomme.

Alors, comment fonctionne ce système d’AVA ?
Eh bien, tout comme en France, nous avons un système à trois niveaux : le niveau régional, l’AVA, puis la sous-AVA. Contrairement au système français, avec ses nuances et règles bien plus complexes, le système américain est plus simple et clair. Oui, bien sûr, nous avons aussi nos règlements (nous aimons nos marchés libres, mais nous ne sommes pas pour autant assez barbares pour fonctionner sans lois), cependant, ils sont un peu moins stricts que ceux de nos amis français.

Par exemple, alors qu’en France une AOP exige que 100 % des raisins utilisés proviennent de l’aire concernée, une AVA n’en demande que 75 % (Wine Institute), un pourcentage plus proche de celui d’une IGP en France, où l’on autorise un minimum de 85 % (Commission européenne).

Alors, qui est responsable de ces AVA ? Eh bien, aux États-Unis, c’est la Alcohol and Tobacco Tax and Trade Commission (Commission des taxes et du commerce sur l’alcool et le tabac) qui est l’organisme gouvernemental chargé de réglementer et de déterminer quels endroits peuvent obtenir le titre d’AVA. Cela peut sembler étrange qu’un organisme fiscal soit responsable du terroir viticole, mais il est important de noter qu’aux États-Unis, la manière dont nous taxons l’alcool est différente de celle de nos homologues français. Cela nécessite donc un autre type d’agence gouvernementale pour assurer la régulation. Bon, peut-être que la qualité n’est pas le premier critère recherché par les États-Unis lorsqu’ils créent leurs AVA, mais cela ne veut pas dire que nos vignerons ne savent pas ce qu’ils font.

Alors, peut-être que nous ne sommes pas si différents après tout. Les États-Unis comme la France disposent de réglementations destinées à protéger leurs vignerons et leurs régions viticoles. De plus, les deux pays souhaitent transmettre aux consommateurs une certaine typicité de leurs vins — qu’il s’agisse d’un AOC Chablis ou d’un Chardonnay de Sonoma, les deux évoquent une compréhension implicite de leur origine. Alors que les États-Unis comptent 277 AVA, dont 154 rien qu’en Californie (U.S. Department of Treasury Alcohol and Tobacco Tax and Trade Bureau), la France possède 363 AOC/AOP (Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Souveraineté alimentaire). Pour l’instant, laissons la France garder une longueur d’avance sur ce point, mais ne sous-estimons pas pour autant les États-Unis.

Rédactrice : WEISSMAN Thalia

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